Chers paroissiens,
Nous poursuivons notre lecture estivale avec la lettre encyclique « DILEXIT NOS » . Bonne lecture Père Gérard.
Un triple amour
64. Nous n’en restons pas cependant aux seuls sentiments humains, aussi beaux et émouvants soient-ils. En contemplant le Cœur du Christ, nous reconnaissons que dans ses sains et nobles sentiments, dans sa tendresse, dans le tressaillement de son affection humaine, toute la vérité de son amour divin et infini se manifeste. Benoît XVI l’a exprimé ainsi : « De l’horizon infini de son amour, Dieu a voulu entrer dans les limites de l’histoire et de la condition humaine, prenant un corps et un cœur ; si bien que nous pouvons contempler et rencontrer l’infini dans le fini, le Mystère invisible et ineffable dans le Cœur humain de Jésus, le Nazaréen ». [43]
65. Dans l’image du Cœur du Seigneur un triple amour est en effet représenté et nous éblouit. Tout d’abord, l’amour divin infini qui se trouve dans le Christ. Mais nous pensons aussi à la dimension spirituelle de l’humanité du Seigneur. De ce point de vue, le cœur est « le symbole de cette ardente charité qui, infuse dans le Christ, anime sa volonté humaine ». Enfin, il est « le symbole de son amour sensible ». [44]
66. Ces trois amours ne sont pas des facultés séparées fonctionnant de manière parallèle ou sans lien, mais elles agissent et s’expriment ensemble en un flux constant de vie : « À la lumière de la foi, par laquelle nous croyons que les deux natures, humaine et divine, sont unies dans la personne du Christ, notre esprit est rendu capable de concevoir les liens très étroits qui existent entre l’amour sensible du cœur physique de Jésus et son double amour spirituel, l’humain et le divin ». [45]
67. C’est pourquoi, en entrant dans le Cœur du Christ, nous nous sentons aimés par un cœur humain, plein d’affections et de sentiments comme le nôtre. Sa volonté humaine veut nous aimer librement, et cette volonté spirituelle est pleinement illuminée par la grâce et la charité. Lorsque nous atteignons les profondeurs de ce Cœur, nous sommes inondés par la gloire incommensurable de son amour infini de Fils éternel que nous ne pouvons plus séparer de son amour humain. C’est précisément dans son amour humain, et non pas en nous en éloignant, que nous trouvons son amour divin : nous trouvons « l’infini dans le fini ». [46]
68. L’Église enseigne de manière constante et définitive que l’adoration que nous rendons à sa personne est unique et englobe inséparablement sa nature divine et sa nature humaine. Depuis les temps anciens, elle a enseigné que nous devons « adorer un seul et même Christ, Fils de Dieu et Fils d’homme, de deux natures et en deux natures inséparables et indivisées » ; [47] et cela d’ « une seule adoration [… ] selon que le Verbe s’est fait chair ». [48] Le Christ n’est en aucune manière adoré en deux natures, à partir de quoi seraient introduites deux adorations, mais « d’une seule adoration le Dieu Verbe incarné avec sa propre chair » est adoré. [49]
69. Saint Jean de la Croix exprime que, dans l’expérience mystique, l’amour incommensurable du Christ ressuscité n’est pas ressenti comme étranger à notre vie. L’infini s’abaisse en quelque sorte pour que, à travers le Cœur ouvert du Christ, nous puissions vivre une rencontre d’amour vraiment réciproque : « Il est croyable qu’un oiseau qui vole terre à terre prenne la haute Aigle royale, si [celle-ci] descend en bas, voulant être prise ». [50] Et il explique que, « voyant l’Épouse navrée de son amour, Il accourt à sa plainte, étant aussi blessé de son amour, parce qu’en matière de personnes éprises d’amour, la blessure de l’une est commune à l’autre et ils éprouvent à eux deux une commune souffrance ».Ce mystique comprend la figure du côté blessé du Christ comme un appel à la pleine union avec le Seigneur. Il est le cerf blessé du fait que nous ne nous sommes pas encore laissés toucher par son amour. Il descend aux cours d’eau pour étancher sa soif et trouve le réconfort chaque fois que nous nous tournons vers lui :«Reviens, colombe , Car sur le sommet des monts Apparaît le cerf blessé, Savourant la brise fraîche de ton vol »




